28 août 2020

Ce que je retiens de mes presque six mois de maman à la maison

J’ai 33 ans, deux belles grandes filles de 7 et 9 ans, et je suis violoncelliste pigiste professionnelle.

Avant la pandémie, je travaillais principalement sur deux projets : la tournée de mes rêves, en trio avec la chanteuse Pascale Picard et la pianiste Marie-Pierre Bellefeuille, ainsi que le développement du Collectif de la Cité, l’entreprise que j’ai fondée il y a deux ans. Pour dire vrai, j’avais le vent dans les voiles sur le plan professionnel. La tournée avec Pascale et Marie-Pierre devait m’amener sur scène en moyenne deux fois par semaine et à me promener un peu partout à travers le Québec, de mars à septembre. Et dans le cadre de mon travail avec le Collectif de la Cité, notre équipe de musiciens planifiait une saison de mariages record pour 2020, en plus de développer une nouvelle offre de concerts qui nous rendait fort enthousiastes.

Le VENDREDI 13 mars, j’ai un pied dans la porte, mon violoncelle sur le dos, une valise dans chaque main, probablement la bouche pleine de mon déjeuner à moitié mastiqué, et le niveau de stress au max après avoir in extremis trouvé un plan pour mes enfants en mode tempête de neige (parce que pas d’école mais spectacle à Montréal quand même, tsé…). Soudain, le téléphone sonne : c’est la gérante de Pascale qui nous annonce la première d’une série d’annulations de spectacles qui s’ensuivra.

Je me rappelle encore mon sentiment du moment, ce mélange de déception et d’un timide soulagement à l’idée d’un rare week-end hivernal à la maison. C’est cette même journée que le gouvernement a annoncé pour la première fois la fermeture des écoles du Québec en raison de la pandémie.

Comme la plupart des habitants de la planète, j’ai vécu les mois de mars et d’avril dans un nuage de flou alimenté par bien des stresseurs. J’avais du mal à investir temps et énergie dans une entreprise vide de contrats tout en ayant mes deux humains préférés dans les pattes. Et, petit à petit, le soleil et la chaleur sont arrivés : j’ai lâché prise côté travail et je me suis mise à apprécier nos matins prolongés, nos brunchs quotidiens, nos après-midis de lecture et de travaux scolaires sur la terrasse ensoleillée. J’ai enfin réalisé la chance que j’avais de pouvoir passer du vrai temps de qualité avec mes enfants, de ne pas les rusher continuellement, de ne pas avoir à gérer de casse-tête pour les caser à travers mon horaire de travail.

J’ai compris que, pour moi, le plus dur dans le fait d’avoir des enfants, ce n’est pas la maternité en soi, mais plutôt le fait de ne pas avoir assez de temps pour être un parent.

La fin de l’année scolaire tant attendue a amené l’été (et le déconfinement) que j’ai pu remplir de nombreux petits voyages en famille, de douces soirées à la maison avec mon amoureux, de fins d’après-midi avec mes parents.

Plus le temps passait, plus mon cœur se déchirait à l’idée de reprendre ma vie de « musicienne aux horaires de travail atypiques »/entepreneure/maman. Ma tête s’est remplie de doutes à propos de ma carrière, et j’ai regardé mon violoncelle d’un œil perplexe pendant plusieurs semaines, me demandant quand j’aurais envie d’en jouer à nouveau.

Puis, tout comme il était parti, doucement est revenu le plaisir de travailler sur certains projets, de jouer de la musique avec mes collègues que je chéris tant, de recevoir des appels de gens à qui la musique avait manqué.

Je réalise que ma vie professionnelle est encore ornée de plusieurs belles choses gagnées au fil des années et dont j’ai encore envie. Les derniers six mois m’auront définitivement permis de repenser mes priorités et d’envisager un automne doux où le travail sera à sa juste place.

L’appréhension face au retour d’une certaine normalité me quitte lentement et laisse place au désir d’embrasser la beauté d’une vie plus lente et plus équilibrée. Je revisite la bienveillance les yeux tournés vers l’intérieur, et je suis remplie d’une reconnaissance renouvelée d’être entourée de merveilleuses personnes dans toutes les sphères de ma vie.

Ce que je retiens de mes presque six mois de maman à la maison? Que mes filles et moi n’auront 7, 9 et 33 ans qu’une seule fois et que chaque journée a son importance.

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